vendredi 11 septembre 2009

Point de vue croisé

 
Dimanche 19 Juillet, sur le lit mezzanine de Choé, à la guest house “Ino's place”, à Sapporo

La journée de dimanche a été plutôt tranquille. Comme il pleuvait des trombes d'eau et que nous voulions nous poser un peu, nous sommes plutôt restées sur place. Cette guest house est plus chère que ce que nous pensions (au passage petit cour de japonais: “takai”:chère), mais elle est beaucoup plus chaleureuse que toutes celles que nous avions visitées jusqu'alors. Le salon est grand et accueillant, avec un aquarium et de grandes bibliothèques.

Dans notre chambre dorment deux japonaises qui travaillent ici, et avec qui nous avons bien parlé. Que cela fait du bien ! Papote en japonais/anglais, avec des japonais ! L'une s'appelle Sakura (surnommée par la patronne de la guest houses “Saku”), l'autre Mai. Nous avons passé une soirée à tenter de comprendre quelles étaient les études de Mai, mais même avec toute la bonne volonté du monde et notre gros dictionnaire nous ne sommes arrivées qu'à un piètre résultat. Quelque chose avec des animaux domestiques, qui n'est ni une association de protection, ni un cabinet de vétérinaire, ni une animalerie...

 

Plus tard elle a sortie son Yukulele et a commencé à jouer. Nous avons regardé ensemble dans ses partitions si nous connaissions les même morceaux, mais malheureusement assez peu. Je lui ai donc demandé de m'en apprendre une japonaise. Elle a longuement réfléchit, et finalement a trouvé une jolie chanson assez nostalgique. Elle m'a donné une photocopie, et finalement, grâce à son aide et à celle de Chloé, j'ai recopié toutes les paroles qui étaient en hiragana en romanji pour pouvoir mieux lire. Nous avons alors pus déchiffrer, moi au chant, et elle au yukulele. Très jolie moment de partage. La musique possède un langage qui ne nécessite pas de mot. Une partition est un livre universel. Les “on reprend”, “c'est faux”, “on y est !” en japonais et en français se sont mêlés, sans qu'aucune de nous n'ai de difficultés à comprendre l'autre. J'ai promis de connaître la chanson samedi, j'ai du boulot !

Lundi 20 Juillet

Lundi matin très agréable. J'ai bien dormi, dans mon grand lit, sous ma grosse couette, sur cette îles où la température est NORMALE ! Nous vérifions les mails, rien de neuf. Nous appelons Sumie-san, mais son amie du salon de coiffure qui connait des membre de l'association "Ainu Art Project" n'est pas non plus disponible. Bon. Nous faisons alors un petit inventaire des différentes associations et pôles que nous trouvons sur Sapporo qui se rattachent aux ainous. Fu fu fu....C'est un véritable labyrinthe d'informations, et cela me fait un peu stresser. Rencontrer des docteurs, des chercheurs, c'est à dire des personnes faisant parties des plus grands spécialistes au monde sur le sujet des ainous (en dehors des ainous eux-mêmes). L'association “Ainou art project”, que nous ont indiquée à la fois Sumie-san et Nanako-san (le contact de l'assistante de Haruzo Harakawa-san de Chiba) à l'air génial, j'ai hâte de les rencontrer, des les entendre. Nous décollons vers 11h, après avoir mis tout cela au clair. Direction marché au poisson, en passant par la tour de télévision. C'est drôle comme Sapporo me semble plus sympathique que Kyôto alors que c'est une ville plein de building...

1)Il fait une température beaucoup plus supportable
2)Nous avons des contactes
3) Nous avons une vrai raison d'être là, directement rattaché au projet
4)Nous avons plein de perspective de rencontre dans la semaine, avec des JAPONAIS
5)Nous sommes dans une meilleure Guest House (moins bourrée de Gaijin sans cesse en train de nous demander ce que l'on a visité, et si l'on a bien rentabiliser notre journée)
6)...C'est mieux !


Le marché aux poissons recèle d'énormes crabes, de poulpes séchés, des coquillages. Nous trouvons un petit resto, avec thé au blé à volonté. Les bols ne sont pas bien grands, mais le poisson est divinement bon, et frais.(Par contre..la note est salée). Nous allons au jardin botanique, dans lequel se trouve un musée sur les ainous. Une forte odeur de colle embaume la petite maison en bois. C'est fou, j'ai l'impression de visiter une exposition sur l'art préhistorique, alors qu'il y a à peine une centaine d'année, les ainous vivaient encore de cette façon, avec très peu de moyens. La pièce regorge de pièges pour animaux, de manteaux de fourrures magnifiques, de flèches aux pointes empoisonnées...

Une vidéo sur la cérémonie de l'ours tourne en boucle sur un petit écran au centre de la salle. Elle me met très mal à l'aise. Les ainous vivent en totale adéquation avec la nature, pourtant la mise à mort de cet ours me serre le coeur. Le film est en noir et blanc, la foule se presse pour regarder l'ours mourir, et les nombreuses coupes de la vidéo donne l'impression que cela dure des heures. Nous finissons l'après-midi par une promenade dans les jardins. De très belles lumières traversent les feuillage, et une odeur de sous-bois humide accompagne nos pas. Pourtant les nombreux corbeaux autour de nous maintiennent la tension en moi. Ils sont loin d'être farouches, et leur regard intelligent donne l'impression qu'il comprennent ce qu'on dit d'eux. J'ai presque le sentiment d'être une sorte de trouble fête dans leur domaine.

Ce n'est pas fini...


Faute de temps, le blog n'a pas été mis à jour ces derniers temps... Veuillez nous en excuser!

Plutôt que de rédiger des articles, je vous proposerais dorénavant des extrait de mon carnet, afin de clore ce récit de voyage.
Dans le même temps, nous travaillons sur la rédaction de reportages pour notre association l'Oeil d'Hermès: www.oeil-hermes.fr

Il y a plein de travaux formidables, films, carnets de voyages, expos photos, articles, réalisés par nos amis à travers le monde! Je vous encourage à les découvrir, d'autant que nos productions les rejoindront bientôt.

Mais retournons là où nous en étions restés, faisant nos premiers pas sur l'île nordique d'Hokkaido...


Le 19 juillet, nous avons pris le train qui va de Otaru à Sapporo. Il surplombait une mer aux flots aciers sous le ciel nuageux. Des plages de galets et de pierres noires ou d'un gris foncé... De l'autre côté la forêt diluvienne, cette verdure et cette variété des formes des plantes qu'on retrouve d'un bout à l'autre du Japon. Notre train filait à travers ce paysage, poussant parfois ce sifflement que je prenais pour celui des machines à vapeur, celui du Poudlard Express dans Harry Potter...

La mer, enfin. Dans ces teintes métalliques, ces gris mystérieux, elle parait immense et sauvage.

Arrivées à notre nouvelle Guest House (le métro n'a que trois lignes, c'est d'une simplicité déconcertante), nous poursuivons sur notre lancée japonisante et discutons avec le personnel. En plus de la patronne, Miwa-san, une femme enthousiaste et très accueillante, un peu... surexcitée, du genre qui fait plein de choses et ne tient pas en place, il y a Sakura-san qui veut ouvrir sa propre Guest House dans sa ville natale, et Mai-san, qui souhaite faire une ferme pour animaux domestiques qui accueillerait des visiteurs. Enfin, si j'ai bien compris... On a mis plusieurs jours à déterminer ça, malgré le dictionnaire et l'aide de Sakura... Et puis le mari de Miwa, identifié comme tel récemment, un garçon charmant ma foi... Très timide. Par chance, Mai et Sakura logent dans notre dortoir. Malgré la barrière de la langue, Mai et Camille ont sympathisé à travers la musique, Mai accompagnant Camille au ukulélé lorsqu'elle chante. La chanson japonaise qu'elle lui a apprise trotte toujours dans un coin de ma tête.



Le quartier est plein de commodités, combinis, supérettes et restaurant.

Le 20 juillet, tous nos contacts sont occupés! On décide donc d'aller manger au marché aux poissons indiqué dans notre guide. Passage sous la Tour de Sapporo, réplique miniature de la Tour Eiffel, ou plus vraisemblablement de notre tour électrique de Lyon... On est sensé longer une rivière d'après la carte, mais le misérable canal qui court entre deux rangées de voitures fait peine à voir. Traversée d'une rue sans feu sur ces escaliers métalliques qui permettent de passer par au dessus, en ai-je déjà parlé?
Ils sont très courants et servent souvent à ne pas attendre au feu le passage au vert. C'est assez agréable de surplomber les rues, mais ils abiment un peu le paysage et je pense que c'est pour ça qu'on n'en trouve pas en France. La plupart sont vert foncé ou blanc cassé, d'une peinture plus ou moins écaillée...

Sashimi d'une fraicheur inégalée dans le marché couvert. Et glaces au lait, le lait d'Hokkaido étant des plus réputés. Nous sommes au pays des vaches. Camille préfère néanmoins celles à la crème que prépare son père. Je suis moins habituée à de tels produits frais et j'apprécie donc beaucoup. Il fait très beau. Pas si chaud, une température idéale.

Nous tentons de monter la Tour électrique citée auparavant, mais c'est payant et au dessus de nos moyens. On se contente du troisième étage, de la vue panoramique et des vitres inclinées qui donnent le vertige. Plus des magasins de souvenirs où on trouve même une mascotte en forme de... tour.
C'est assez incroyable le nombre de bestioles quel les japonais inventent, chaque marque, chaque lieu a le sien, et beaucoup ne sont même pas mignonnes, juste... bizarres. La société de consommation est peuplée par une faune de petites choses à l'air vivant. Peut-être le goût des japonais pour la nature ressort ainsi?

mercredi 12 août 2009

Le temps du retour

Et voilà, ça y est... On a bien tenté de se dire: encore plein de choses à faire, et on revoit nos amis tel jour... Le fait est que dans quatre heures on prend l'avion et que ce sont bien des adieux... Jusqu'à une nouvelle rencontre, incertaine, ici ou en France? Promesses de retrouvailles échangées, petits cadeaux et une soirée crêpes en souvenir. "Une tradition familiale" a-t-on expliqué, et c'est bien l'ambiance qu'on a trouvé ici. Alors oui, il est difficile de s'intégrer au Japon (on n'a pas essayé) mais pour ce qui est de créer des liens, les japonais et les ainus nous ont bien prouvé le contraire.
Merci à Mizuki, Shingo, Yuka, Maika, Kyo-Kyo, Soutarou, Shou-chan, Shigi, Sonoda-san, Miwa, Sumie, les deux Mai-chan, ainsi qu'à Yuki-san, Masa, Shuri, Martina, Kawakami-san, Ken, et pardon pour ceux que je ne cite pas et l'usage partiel des suffixes de politesse. Merci de nous avoir accueillis, de nous avoir appris tant sur le Japon et sur nous même.

L'aventure ne s'arrête pas là, merci à vous d'avoir suivi ce blog. Désolées de vous avoir laissé sans nouvelles mais ne vous en faites pas, on va rattraper ce retard et vous tenir au courant de la suite de nos projets.

Alors à bientôt, de France... Snif!

Chloé et Camille

lundi 27 juillet 2009

Il était un petit navire...

Carnet de bord du capitaine: 12h20, sur l'île d'Hokkaido, dans la ville de Sapporo, dans le repère de Inno.

Comme vous l'aurez peut être compris, nous sommes enfin arrivées à notre ultime destination, la belle et sauvage Hokkaido (ça dépend des coins quand même :p). Avant de vous décrire ce nouveau lieu, laissez moi revenir un peu en arrière. Nous n'avons que peu décrit Kyoto, et cette ville mérite tout de même que l'on s'y arrête un instant. Nous avons passé une petite semaine dans une auberge de jeunesse assez sympa, bourrée de jeunes étrangers. Ça nous a bien changé de Tokyo. Je dirais même que cela a été même un peu dérangeant. Pour des touristes de passage, Kyoto est une ville incontournable. Nous qui venions surtout rencontrer des gens...nous avons eu un peu le sentiment d'être là sans but précis. Nous avons fait des visites d'endroits absolument magnifiques, cependant nous n'avons ni l'une ni l'autre eu le sentiment de « rencontrer »le Japon. Visiter pour visiter, non merci. Nos voisines de chambre collectionnaient les temples et les sanctuaires, les bars et les restaurants pendant que nous errions un peu désorientées. Nous n'avons parlé presque a aucun japonais. « What's your plan today ? », « what's your plan tonight ? » étaient les questions récurrentes, auxquelles nous avions de moins en moins envie de répondre.

Mais je ne vais pas cracher sur cette semaine pour autant. Nous avons pu remettre un peu à plat les événements de la semaine passée, et changer notre tactique d'interview. Nous avons rencontrer une guide touristique d'Hokkaido, Sumie-san, qui a accepté de répondre à nos questions sur les femmes, et sur Hokkaido. Elle nous a aussi donné de super contacts sur Sapporo, notamment des ainous de l'association « Ainu art projet », qui voyage à travers le monde, pour faire connaître leur culture. Encore une fois, voilà une rencontre qui tombe à point nommé !


Sumie-san, notre rencontre de Tokyo, inattendue, mais absolument charmante

J'ai beaucoup de mal a décrire les lieux que l'on a visité. Tout d'abord parce qu'ils n'ont pas grand chose a voire avec ce que l'on a chez nous. Atmosphère de sérénité pesante, silence concentré. A force de mixer le japonais(très mal), l'anglais(moyen) et le français(de pire en pire), les mots m'échappent. J'ai tenté via skype de décrire un peu les paysages à ma famille, mais j'éprouve des difficultés. Tout est là autour de moi, mais mon regard à changé, et je ne peux plus décrire à la façon des premiers jours, dans la surprise pemanente. Les choses se connectent peu à peu dans mon esprits, les éléments triviaux avec les attitudes des gens, et les pensées plus profondes sur lesquelles ils s'appuient. Je commence a voir un peu plus clair sur ce qui m'entoure. Je ne parle pas de compréhension parfaite, loin de moi cette idée, mais une sorte de réseau se crée ,de causes et de conséquence, qui s'influencent mutuellement. Alors je ne peux plus décrire les gens, les lieux ou les choses comme étant des “bêtes curieuses”. Bref, je vous met là quelques photos (qui ne sont pas d'assez bonnes qualité à mon goût, mais vous me direz que je suis perfectionniste), afin que vous vous fassiez vous même votre opinion. Peut être que plus tard j'y reviendrais, en tout cas pas maintenant, c'est trop frais.




Matsuri de Gion un quartier de Kyoto



Matsuri de Gion, un couple essayant de pêcher des poissons porte-bonheur



Au sanctuaire de Raijin, le dieux de la foudre à Kyoto



Sanctuaire d'Inari, la déesse renarde des récoltes



Les kilomètres de Tori (portes rouges) du sanctuaire d'Inari




Les Tori du sanctuaire d'Inari



Statue de la déesse Renarde



Le temple de bois du Daibutsu, à Nara.



A Nara, pause déjeuner.



Les statue des Gardien Inu



Parc de Gion-koen àKyoto



Parc de Gion-koen à Kyoto



Un des temple près de chez nous. pas plus de précision sur le nom...On peut aprecevoir près du groupe de personnes des branches d'arbre blanches. Ce sont les prédictions que les gens ont tirées à la bonne fortune. Si la prédiction est bonne il faut concerver le papier. Au contraire, si la prédiction est mauvaise, il faut l'attacher à la branche d'un arbre pour conjurer le sort.




Une des portes principales de Kyoto



Toit d'un temple



Berges du quartier de Gion

Nous avons finis par quitter Kyoto, pour nous rendre au port de Maizuru, où nous attendais le bateau pour Otaru. C'est une petite ville portuaire, assez étendue, mais pas très vivante. Il pleut drue, et nous n'avons pas de parapluie. Les K-way c'est bien, mais il faut avouer que nous manquons sérieusement de classe. Celui de Chloé est taché, et le mien se désagrège au fur et a mesure, laissant dans mon sillage des pellicules blanches. Nous laissons nos sacs dans le terminal et nous passons l'après-midi a écrire, lire, et a regarder les bêtises qui passent sur la télévision de la salle d'attente. Nous mangeons en ville, dans un petit restaurant à brochette très chaleureux. Vers 9h du soir le terminal a enfin commencé a se remplir, et nous constatons que nous sommes les deux seules gaijin à prendre le bateau(étranger). A 11h 45 nous embarquons enfin. Nous sommes un peu stressées, nous n'osons parler à personne, pourtant nous aimerions. Notre chambre n'est pas mal du tout, et nous la partageons avec une petite famille, deux garçons, une petite fille et leur mère. Je constate avec regret que je ne partage pas avec le Japon le même amour des oreillers durs...



Je sens à peine le bateau bougé, et je m'endort vite. A 8h,une voix nous réveil et nous annonce qu'il est temps de se lever si nous désirons prendre notre petit déjeuner. J'ai l'impression d'avoir dormi sur une machine à laver. Nous passons une matinée assez tranquille, et vers 11h nous nous installons dans des petits fauteuils près de hublot, donnant sur la mer. C'est un coin fumeur, et plusieurs groupes d'hommes discutent joyeusement autour de nous. Nous travaillons un peu, tout en les écoutant. La même gène pèse sur nous deux. Nous aimerions les aborder, mais comment? Toutes les phrases d'usage me viennent en anglais... Bon, a 10 j'y vais... “sumimasen, tabacco i deska ?”...ba oui, il faut bien trouver quelque chose. Le petit bonhomme a qui je demande est d'abord un peu désarçonné, mais il me tend gentiment son paquet et son briquet. Un instant de flottement...que dire...nous sommes françaises, nous ne parlons pas bien japonais. Flute, la discussion s'arrête là... La cigarette finie je regrette d'avoir dit cela. Cependant le petit monsieur japonais recroise mon regard, et me propose a nouveau une cigarette, que j'accepte. La discussion démarre enfin, avec lui et ses deux autres compagnons. Que cela fait du bien ! J'ai le sentiment que cela fait un mois que nous n'avons pas parlé ! Ce sont des motards, il viennent à Hokkaido faire de la route avec leurs engins. On discute itinéraire un moment, nous nous faisons offrir des boules de riz et des gâteaux salés, ainsi que du vin blanc ! En discutant, je réalise que le bateau arrive un jour plus tôt que ce que j'avais prévu...le boulet...décidément, moi et les dates, nous sommes fâchées ! Nos nouveaux amis nous proposent de téléphoner à une guesthouse pour nous, et de nous y emmener à l'arrivée du bateau dans le port de Otaru. Chouette ! Nous passons l'après-midi a parler avec eux, et avec d'autres fumeurs qui se rajoutent à la conversation. Nous avons eu des propositions assez douteuses de la part d'un cinquantenaire qui a tenu a nous inviter chez lui a Sapporo, en précisant qu'il était marié à Kyushu, mais qu'à Sapporo il était célibataire...merci beaucoup, mais non. Au port d'Otaru nos amis japonais nous embarquent dans leur van, et nous dépose à la guesthouse. Vraiment charmants.


Nagai-san, Onô-san, et Yu-J la chienne

Finalement me fait remarquer Chloé c'est quand il y a des imprévues que c'est vraiment l'aventure.




Camille

dimanche 26 juillet 2009

Le shinto est moderne!








Cette après midi, dans un sanctuaire de Sapporo...
D'après Nanako-san la majorité des japonais vont faire purifier leur auto par un prêtre shinto peu après son achat. Et il existe des équivalents pour les autres religions (chrétienne, bouddhiste...).
On trouve de nombreux exemple de cette combinaison de rites anciens et d'éléments modernes un peu partout, c'est même un lieu commun sur le Japon, le fameux "tradition et modernité". Pas dénudé de fondement, bien entendu... Mais je pense que là où nous voyons une opposition et nous surprenons de la cohabitation, les japonais ne voient pas de contradiction... Le shintoisme est actuel et participe à la vie quotidienne.
Pour donner des exemples, à l'entrée du bar du copain de Mizuki-san se trouve un tas de sel servant à purifier, repousser les choses mauvaises et attirer les clients... A l'entrée de chaque temple on peut acheter pour un prix allant de 500 à 1000 yens des charmes, dont certains pour réussir les examens ou pour éviter les accidents de la circulation...
Enfin, il faut voir lors des matsuri (festivals) ces jeunes aux coiffures tendances et à l'air franchement superficiel, lorsqu'ils sont vêtus de yukata, s'incliner et secouer les grelots de prière afin que leurs souhaits montent vers les dieux et soient entendus...


Jeune couple de la catégorie sus-citée assistant au Hanabi commémorant l'été, à Sapporo



Lors du matsuri de Gion, ces adolescents écrivent leurs voeux sur des ema, des tablettes de bois qu'on accroche ensuite dans le sanctuaire shinto.

Le shintoïsme n'est pas vraiment une religion mais plutôt une croyance, ce qui explique qu'il puisse être combiné à d'autres religions. Il a beaucoup en commun avec les croyances ainu puisque tous deux tiennent de l'animisme, c'est à dire l'existence d'un dieu/esprit en toute chose.
D'ailleurs je ne sais pas si c'est juste un hasard ou si cela a un sens, mais le mot pour dieu en japonais est Kami (toujours suivi de" sama" pour le respect) et le mot ainu Kamui...

Chloé

dimanche 19 juillet 2009

Pieds, Feet, Ashi !

Bonjour Bonsoir !

Pour relever un peu le moral des troupes, voilà un article patchwork.
J'ai une théorie: Montre moi tes pieds, je te dirais qui tu es...
Parmi tous ces pieds, saurez vous retrouver l'intrus ? (Il y en a plusieurs, à vous de choisir le votre)










Camille

mardi 14 juillet 2009

L'écho des bombes

Comme tout le monde j'ai entendu parler de la deuxième guerre mondiale. Par les livres d'histoire, par les romans, par les films et les documentaires, par les récits de proches. Pourtant, pourtant... j'ai le sentiment de ne rien en savoir. Nous avons été nourris dès l'enfance aux histoires héroïques des résistants, puis plus tard on nous a expliqué ce qu'avait été l'horreur indescriptible des camps. Ce n'est qu'au lycée que j'ai vraiment compris que la guerre n'avait pas seulement opposé la France et de nombreux anonymes.

Pourtant... ce sentiment qui nous prend aux tripes, qui nous a fait chavirer le coeur lorsque l'on découvre pour la première fois en image les charniers, et les os et la chair. Ce sentiment, je ne l'ai ressenti depuis qu'en de très rares occasions. Je peux me révolter lorsqu'on j'entend ce qui se passe dans le reste du monde, je peux se sentir honteuse, désespérée, hors de moi, mais le sentiment lié à la seconde guerre mondiale en France et en Europe pour moi est unique.


Et pourtant.


Pourtant, je découvre ici une autre facette de cette guerre. Nous n'avons pas l'habitude d'entendre parler de l'expérience de la guerre chez les opposants, hormis l'Allemagne. Cette guerre n'a pas seulement été la guerre des juifs. J'avais beau le savoir, connaître les faits, je n'avais encore jamais été directement confronté à eux. Il est si facile de se contenter de savoir.


Dans les loges, maquillage

Lors de nos premiers jours à Tokyo, Mizuki-san nous a invité a assister à la pièce dans laquelle elle joue en ce moment. Cette pièce s'intitule littéralement en français « Le club tokyoïte de la bombe A. ». Peu avant le levé de rideau Mizuki-san nous a fait traverser les coulisses, plongées dans la pénombre, et nous a conduit jusqu'au loges. Nous avons rencontré une grande partie des acteurs de la pièce: entre autre Kyo-san et Sôtaro-san que nous avons revus plusieurs fois après cette soirée là. Sôtaro-san, qui a passé cinq ans au Canada, et qui dans un anglais parfait, nous a expliqué avec un luxe de détails l'intrigue de la pièce. Nous avons écouté, sages comme des images, et assez captivées je dois l'avouer par le récit de Sôtaro-san.


Dans les loges, costumes

L'histoire se situe peu avant la deuxième guerre mondiale, dans une résidence à Tokyo, où vivent plusieurs personnes, venant d'horizons très différents. Parmi eux, trois scientifiques qui font des recherches en physique nucléaire. Sôtaro-san incarne l'un deux, et nous avons vite compris qu'il assurait un des rôle clef de la pièce. Autour d'eux évoluent d'autres protagonistes: un pianiste un peu avare, un alcoolique revêche, un jeune étudiant passionné de base-ball, une comédienne au métier indéterminé, qui change chaque matin de travail comme de chemise, et qui multiplie les apparences (jouée par Mizuki-san), l'intendant de la maison, et sa fille (jouée par Kyo-san). La pièce débute, alors que Sôtaro-san (je ne me rappelle pas du nom du personnage...) décide de quitter Tokyo, et la résidence. Il ne crois plus en ses études qui le dépassent, et ses théories semblent n'intéresser personne. Il reste pourtant, en apprenant de la bouche d'un des ses amis chercheurs que son travail est enfin reconnu dans son laboratoire. Toute la pièce se déroule dans cette unique résidence, où l'on voit évoluer les personnages au fil des ans, alors que la guerre approche, puis éclate, et enfin se termine. Elle mêle à la fois des moments très humoristiques, et d'autre lourds de signification.


Sôtaro a certainement un des rôle les plus dure à assumer. Sa position durant la pièce évolue, mais ses derniers mots seront quand même ceux d'un scientifique. Il ne regrette pas les recherches qu'il a fait et les conséquences que cela a engendré. Il reste un scientifique, et bien qu'il ai toujours sut que les recherches qu'il menait pouvaient avoir une telle ampleur dans l'horreur, il apprécie cette bombe pour ce qu'elle avait de révolutionnaire et ce qu'elle contenait de beauté et de complexité dans le monde de la physique. Des paroles très dures à entendre pour un public japonais (exclusivement féminin). Premièrement parce que beaucoup ignorent que des recherches ont bien été lancées pour produire la bombe atomique au Japon durant la deuxième guerre mondiale, et que les troupes ont été mobilisées le plus longtemps possible pour donner suffisamment de temps au chercheurs pour parvenir à leur but. But qu'il n'ont bien sûr pas réussi à atteindre. Deuxièmement parce qu'un tel discours sur les recherches nucléaires ne passe pas très bien auprès du seul pays qui a connu les effets meurtriers de cette foutue bombe.


Après la représentation une quinzaine de femmes patientent devant la sortie des loges. Calmes et polies comme toujours, elle attendent pour poser des questions aux comédiens. Nous ne saisissons pas bien leurs propos, mais plus tard dans la soirée on nous explique que l'une d'entre elles a raconté qu'elle avait connu, ainsi que ses parents, la chute de la bombe. Elle a été irradié, et a transmis à ses enfants les mêmes maladies qu'elle a développé après la catastrophe. Silence pesant dans la voiture alors que Sôtaro-san nous explique cela, tout le monde est encore un peu sous le choc. C'est souvent le cas nous dit-il que les gens aient besoin de s'exprimer après les représentations. Je trouve que leur pièce est exceptionnelle à plusieurs titres. Tout d'abord à titre informatif. La plupart ignorent que leur propre pays avait dans l'idée de lancer sur d'autres la même horreur qu'ils ont connus. Ensuite, quelle réussite si elle pousse les gens à en parler, surtout ici, dans ce pays où cacher son opinion est de rigueur. J'ai le coeur au bord des lèvres une bonne partie de la soirée.


Plus tard à Kyoto,


Alors que nous tentons de trouver l'office du tourisme dans la gigantesque gare de Kyoto, nous tombons sur une exposition temporaire sur Hiroshima. Dans la gare tintent les clochettes des Matsuri. Cette musique traditionnelle est destinée aux jours de fêtes, mais dans ce lieu, elle me semble bien funèbre. C'est une exposition de photos et de reproductions de peintures, accompagnées d'extraits de témoignages en japonais, traduit en anglais (merci pour nous). Boule au ventre, gorge serrée. Voilà le sentiment du charnier juif qui revient, ici au Japon, dans la gare au milieu des voyageurs pressés, avec cette musique inquiétante qui ne cesse de se répéter. Un corps d'enfant recroquevillé, calciné par la déflagration de la bombe. Comme seul commentaire: « Entendez vous la souffrance ? ». Voilà la France confondue dans la même horreur que le Japon et ses morts. Confondus dans l'horreur de la guerre.

Camille